"Une vie, et j'étais bien placé pour le savoir, vaut entre trente et quarante mille euros.Une vie; le col enfin à dix centimètres, le souffle court, la naissance, le sang, les larmes, la joie, la douleur, le premier bain, les premières dents, les premiers pas; les mots nouveaux, la chute de vélo, l'appareil dentaire, la peur du tétanos, les blagues, les cousins, les vacances, les potes, les filles, les trahisons, le bien qu'on fait, l'envie de changer le monde.Entre trente et quarante mille euros si vous vous faites écraser.Vingt, vingt-cinq mille si vous êtes un enfant.Un peu plus de cent mille si vous êtes dans un avion qui vous écrabouille avec deux cent vingt-sept autres vies.Combien vaut les nôtres ? "
Le bonheur est une telle ivresse, une telle violence qu'il emporte tout. Les pudeurs. Les peurs. Il peut être si douloureux, il peut faire vaciller, anéantir. Exactement comme le malheur. Mais on ne le dit jamais de crainte que le monde se méfie du bonheur. Parce que alors tout s'écroulerait.
On se fane, tu sais, quand on n'est plus choisi, on se décivilise, on se méprise, on s'ignore. On mange mal, on devient sale, on se met à sentir. Alors on attend un ange, bienveillant, qui se penchera sur vous, qui vous sauvera. Mais les anges ne viennent pas. Les hommes ne se relèvent jamais, c'est ce qui les rend touchants. Ils tombent toujours, avec plus ou moins de distinction; leurs bras se tendent, leurs mains s'agrippent au vide de leurs illusions, leurs ongles se cassent. La vie n'est qu'une longue chute.
Ne sois jamais comme ton père, Antoine, sois brutal, sois fort, sers-toi, bouscule les femmes, fais-les tourbillonner, fais-les rêver, promets, même ce que tu ne pourras pas tenir, on vit toutes d'espérances, pas de réalité. La réalité c’est pour les ânes et les imbéciles, le dîner à 19h30, les poubelles, le baiser du soir, les tartelettes de dimanche à quatre cinquante chez Montois, une vie se rate si vite, Antoine, si vite.
Tu étais gentille, a articulé faiblement mon père.
Gentille. J’ai souri. La gentillesse ne fait pas l’amour. Elle fait le
compagnonnage.
On pousse tordu sans l'amour d'une maman. On grandit de traviole.
Chez nous, les sentiments restaient à leur place ; à l’intérieur.
Ne sois jamais comme ton père, Antoine, sois brutal, sois fort, sers-toi, bouscule les femmes, fais-les tourbillonner, fais-les rêver, promets, même ce que tu ne pourras pas tenir, on vit toutes d'espérances, pas de réalité. La réalité, c'est pour les ânes et les imbéciles [...]
Je me suis dit que le bonheur on ne le sait qu'après ; on ne sait jamais qu'on est en train de le vivre, contrairement à la douleur.
Ca ne fait pas tout, les yeux verts, m'avait-elle dit un jour, ça ne fait pas l'ivresse.
Se sauver ne sauve jamais rien
Ca donne pas envie le chagrin
J'ai besoin d'y voir clair. La méchante réplique de ceux qui ne savent pas comment vous apprendre qu'ils ne vous aiment plus.
Nous n'étions pas une famille à câlins, nous n'avions pas gestes caressants ni les mots tendres, dodus. Chez nous, les sentiments restaient à leur place, à l'intérieur.
Mes parents avaient voulu un enfant pour très vite être une famille, c'est-à-dire un couple à qui on ne poserait pas de questions ; un enfant, pour mettre une certaine distance entre le monde et eux. Déjà.
Alors on attend un ange, bienveillant, qui se penchera sur vous, qui vous sauvera. Mais les anges ne viennent pas . Les hommes ne se relèvent jamais , c'est ce qui les rend touchants. Ils tombent toujours, avec plus ou moins de distinction ; leurs bras se tendent , leurs mains s'agrippent au vide de leurs illusions, leurs ongles se cassent. La vie n'est qu'une longue chute.
Quand elle est partie, le jour de l'enterrement, elle a emporté avec elle l'idée même d'une famille, d'une maison. L'envie de coller des dessins sur la porte du frigo. Elle a laissé le vide. Le froid.
Je me suis dit que le bonheur on ne le sait qu'après ; on ne sait jamais qu'on est en train de le vivre, contrairement à la douleur.
Ce site a été conçu avec Jimdo. Inscrivez-vous gratuitement sur https://fr.jimdo.com